J’enferme, tu enfermes
Le voyageur peut être frappé de ce que, dans certains pays, il est presque incongru de clore sa propriété alors que dans d’autres, le contraire paraît presque comme une évidence. Mais regardons d’un peu plus près … Il y a sûrement une dimension sociale ou psychologique derrière ces différences … ma clôture m’isole de l’étranger, elle peut aussi me distinguer du voisin, d’où ces quartiers aux clôtures disparates qui ressemblent à un catalogue d’entreprises de construction …
Bien sûr, il ne faut pas que le cheval s’échappe, ni le chien, ni les petits-enfants, et puis, il y a le vent. Bien sûr, je peux aussi avoir le temps de me repomponner quand le visiteur s’annonce à la grille …
Mais ce qui m’a intéressé davantage, c’est comment, « avec quoi » sont faites les clôtures. Par elles, vous découvrirez vite les matériaux indigènes les plus familiers (bois, pierre, roseaux, bambou, et tant d’autres…). Que dire par exemple des clôtures qui dans les villages slovaques, révèlent la proximité, au moins dans un passé récent, d’une usine de découpage et dont les rebuts aux formes étonnantes ont trouvé, avec un coup de peinture, une vie propre à peu de frais ? Ou du recyclage de pieds de machines à coudre dans un village anciennement textile. Ou des murets impressionnants, à simple voire double largeur qui, en Suède, ont permis aux paysans de dégager les champs de ces obstacles aussi massifs que peu favorables à l’agriculture ? C’est aussi et surtout dans les cas de ce type qu’il m’est apparu que le design des clôtures présente des qualités esthétiques exceptionnelles qui dépasse avec beaucoup de créativité leurs seules fonctionnalités.